Fatoumata Diallo : l’insertion comme levier d’émancipation

Félix Galichon

5/8/20242 min read

L'interview complète de Fatoumata sera prochainement disponible sur Youtube...

Fatoumata Diallo n’avait jamais travaillé avant d’arriver en France. Aujourd’hui, elle jongle entre un chantier d’insertion, son rôle de mère célibataire et une formation d’éducatrice spécialisée. Pour certains, travailler relève de l’évidence. Pour d’autres, comme elle, c’est un combat quotidien. Mais Fatoumata fait partie de ces femmes dont la détermination force l’admiration.

Résiliente malgré elle

Originaire de Guinée-Conakry, Fatoumata, 30 ans, arrive en Europe en pleine pandémie. Son parcours l’emmène de la France au Danemark, en passant par la Suède. Un voyage rythmé par l’incertitude, les obstacles et l’attente. Il lui faudra plus de deux ans et demi pour obtenir un titre de séjour.

Une fois le précieux document obtenu, c’est finalement à Perpignan, où réside la famille de son ex-mari, qu’elle décide de poser ses bagages. En novembre 2023, elle signe son premier contrat de travail à « l’École de la Terre », un chantier d’insertion professionnelle par l’agriculture. Un premier pas dans la vie active qui se transforme comme un tournant.

« Avant d’arriver à l’école de la terre, je n’avais jamais travaillé », confie-t-elle. Pourtant, dès son premier jour, l’envie de bien faire l’anime : « J’étais tellement excitée que je ne voulais même pas prendre de pause ! ». Fatoumata y trouve bien plus qu’un premier emploi : une première étape vers l’autonomie.

Une histoire singulière parmi tant d’autres

Mère de deux enfants, l’un né en Guinée, l’autre en France, Fatoumata se retrouve seule depuis la disparition de son ex-mari. Néanmoins, il n’est pas question de sombrer. Avec l’aide de sa conseillère France Travail, elle postule à l’École de la Terre. Ici, elle apprend à travailler en équipe, à planter, à désherber, mais surtout, à croire en elle. « Vous savez, je n’ai jamais travaillé depuis que je suis née, la première chance que l’on m’a donnée dans la vie c’est ici ». Des mots présents sur les lèvres de chaque salarié de l’Ecole de la terre.

Fatou incarne ces milliers de bénéficiaires des chantiers d’insertion qui refusent qu’on les réduise à leur précarité. Pour la première fois en 2024, 100 000 personnes en France sont employées dans ce cadre. Un chiffre qui en dit long sur la nécessité de ces structures.

Du chantier à la construction d’un avenir

Son passage à l’École de la Terre lui donne un nouvel objectif : décrocher son diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social, une formation qu’elle commencera en avril 2025. Une reconversion qui, selon son encadrant Thibault, pourrait la mener bien plus loin : « Avec son potentiel, elle pourrait finir directrice de centre ! »

Accompagnés d’une assistante sociale et d’une chargée de mission professionnelle, Fatou sait que cette insertion n’est qu’une étape dans sa carrière. En attendant, la Guinéenne aide ses collègues dans leurs démarches administratives… Fatou est devenue la grande sœur de ceux qui, comme elle, s’adaptent à ce nouveau mode de vie « Français » et à son monde du travail.

Il y a encore un an, elle n’avait jamais signé de contrat d’embauche. Aujourd’hui, elle veut tout faire pour ne jamais se retrouver sans emploi. « Même si c’est dur, je ne lâcherai pas. Je n’ai pas le droit, ne serait-ce que pour mes enfants. ». Une guerrière, oui. Mais cette fois, pleinement consciente de l’être.